« Il est évident que nous sommes là dans le contraire du commun. Il faut du caractère et un peu d’âme. Ce n’est pas à la portée de tout le monde. »
Jean Giono – Provence
« Angelo marcha un bon moment en silence, dans la petite plaine à travers des prés très verts. (…) Le soleil était haut ; il faisait très chaud mais il n’y avait pas de lumière violente. Elle était très blanche et tellement écrasée qu’elle semblait beurrer la terre avec un air épais. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit
« Le Jabron et le Calavon sont des ruisseaux à peine marqués sur les cartes, mais dont les lits mènent à des débouchés de commerce et des emplacements de foire. (…)
À Sisteron, la Durance reçoit, cette fois du côté droit, le Buëch, seigneur des montagnes, venant du Beauchêne.(…)
Au-delà de Sisteron, du côté droit encore, le doux Jabron. A peine un peu d’eau et qui va lentement, en ligne droite contre le flanc nord de la montagne de Lure, à travers les saules nombreux et un pays du Moyen Age. »
Jean Giono – Provence
Quelques heures de bonheur…
Je suis tombée sous le charme de cette petite vallée du Jabron.
À l’ubac de la montagne de Lure c’est un décor somptueux qui nous attendait, un magnifique terrain de jeu pour qui apprécie la randonnée, tout y est, le calme absolu, les champs de lavande bien fleuris, une belle activité agricole et de beaux corps de ferme bien préservés.
C’est donc à Lange (1), loin du tourisme de masse, que nous avons débuté cette randonnée entre ciel et terre dans une ambiance champêtre et harmonieuse. Le soleil tapait fort !!
Sur cette petite route D303, de nombreux hameaux éparpillés composent la commune de Châteauneuf-Miravail, les Patins, les Brochiers, les Curniers, les Costeliers…
Partout, une architecture caractéristique du pays de Haute-Provence, entretenue dans le respect des traditions.
« Les fermes qu’on rencontre sont sans apparat, ont l’air modeste, mais c’est le royaume d’Épicure. »
Jean Giono – Provence
« Plus qu’à chaux et à sable, les villages ont été pétris de rêves et de mystères. »
Jean Giono – Provence perdue
« Après le pas de Redortiers, une fois dans la vallée du Jabron, on traverse le paysage comme on feuillette « Le Hussard sur le toit ». Un peu sinistre en l’occurence, mais c’est ainsi : aux Omergues, Angelo découvre les premiers cadavres de l’épidémie de choléra. »
Dominique Le Brun – Le Bâton de colline
Peu après avoir traversé à gué le torrent de Druigne, notre chemin a aussi croisé celui d’un cavalier qui franchissait le pas de Redortiers « comme un épi d’or sur un cheval noir ». C’est aux Omergues au fond de la vallée qu’Angelo, notre Hussard, découvrit les premières victimes du choléra. Dans le film, Jean-Paul Rappeneau a transposé cette scène au hameau des Brochiers.
D’après le livre de Jean-Louis Carribou– 15 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono – Tome 2 (Marcher un livre à la main).
Sur la D303 donc, voici que se profile Les Brochiers, c’est un bel ensemble d’une architecture provençale très ancienne.
Une poignée de maisons regroupées sur un promontoire au-dessus de la route et qui me font penser au Rocher d’Ongles.
Nous sommes au coeur d’une scène importante du film…
« Angelo arrive au pas de Redortiers vers les neuf heures. De là, il pouvait plonger ses regards dans la vallée où il allait descendre. De ce côté la montagne tombait en pentes raides.(…) Il était presque juste au-dessus, à quelque cinq à six cents mètres de haut de ce hameau que le garçon d’écurie avait appelé les Omergues. Chose curieuse : les toits des maisons étaient couverts d’oiseaux. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit
« Il courut vers la maison ; mais sur le seuil il fut repoussé par un véritable torrent d’oiseaux qui en sortait et l’enveloppa d’un froissement d’ailes ; les plumes lui frappèrent le visage. Il était d’une colère folle de ne rien comprendre et d’avoir peur. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit
« On remarquera que les fenêtres sont petites, souvent bien semblables à des meurtrières. C’est naturellement pour se défendre, mais pour se défendre contre le soleil. Gardez-vous bien de les agrandir, vous en souffririez mille morts. Vous verrez comme l’ombre est belle et qu’elle a la chair d’un fruit. Ce sera votre aliment principal. Vous allez voir ! Le soleil abrutit, l’ombre enivre, l’aube délivre. »
Jean Giono – Provence
Malgré notre départ aux aurores, la chaleur est intense, nous traversons d’abord le hameau des Curniers (jolie fontaine et boîte aux lettres), puis à la sortie du hameau des Costoliers, un sentier s’élève sur la gauche en direction de l’église Saint-Mary et des ruines du château des Graves.
Le détour vers le château ne se fera pas, il fait trop chaud…
Le chemin se fait plus petit et serpente en plein soleil au-dessus de deux combes vertigineuses et minérales avant de se perdre sous les ombrages.
Il se faufile maintenant entre quelques ruines, un ruisseau, d’anciennes parcelles cultivées et de la lavande pour arriver à l’église Saint-Mary.
L’ancienne école et l’église Saint-Mary
L’ancienne école a été reconstituée telle qu’à l’époque avant 1850, elle se trouve en dessous du préau et se visite sur demande à la mairie de Châteauneuf-Miravail (voir aussi l’association des amis de Châteauneuf-Miravail).
Cet édifice date du XIIIe siècle.
Le site est très agréable, beaucoup d’ombre , un cimetière et un joli préau restauré et aménagé pour le repos du randonneur.
A cette hauteur la vue sur la vallée et ses hameaux est superbe.
Après un repos salvateur, au bord du chemin, au milieu des champs de lavande, nous abordons un oratoire dédié à Saint Sébastien. Cet oratoire a été édifié pour remercier le saint d’avoir protégé Châteauneuf-Miravail de l’épidémie de choléra de 1884.
Cette belle escapade se termine, avant de retrouver le point de départ, nous traversons de nouveau pêle-mêle, prairies agricoles et lavande à perte de vue…
Un merveilleux souvenir !
« De ce côté-là, les terres depuis longtemps effondrées et humectées par diverses petites sources profondes que l’éreintement de la colline avait fait surgir s’étendaient en prairies que l’ardent soleil blanc n’avait pas réussi à jaunir. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit
« L’échancrure de la vallée s’élargissait et il vit que devant lui, à une lieue peut-être, elle débouchait dans une autre vallée perpendiculaire, beaucoup plus large, où le soleil couchant faisait apparaître toute une perspctive de bosquets et de longues allées de peupliers. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit
Sur la route du retour, une pause bien méritée et rafraîchissante au bistrot du village de Noyers-sur-Jabron…
(1) Pour en savoir plus sur le hameau de Lange et la vallée :
Le Père Cler, Histoire d’un abbé Félibre des Basses-Alpes de Annie Faravel et André Poggio – Le père Eugène Cler était natif de Lange.
Michèle Reymes
Michèle Reymes
Votre blog m’enchante. Quelle joie de vous découvrir ce soir en cette merveilleuse résonance !
Mais, dites-moi, est-il possible de s’abonner pour recevoir régulièrement vos publications ? J’ai cherché une manière et ne la trouve pas.
Merci !
Pascale
Bonjour Pascale, je lis votre message et à mon tour d’être enchantée, merci pour le compliment… Ils sont rares et pourtant ça fait plaisir. En ce qui concerne l’abonnement aux publications, je ne sais pas mais je me renseigne. en attendant je note votre adresse mail et je vous informerai à chaque parution. Merci encore ! Bien cordialement. Michèle.