Eygalières et la chapelle Sainte-Sixt…
Eygalières est un lieu où vieilles pierres et nature cohabitent dans un ensemble charmant, à l’orée du massif des Alpilles et à deux pas de Saint-Rémy.
Il est dominé par un énorme rocher planté de pins et des ruines de l’ancien village. D,e cette végétation émerge une vierge blanche qui semble protéger les vignobles et les champs d’oliviers.
En montant courageusement à son sommet, on peut profiter d’un vaste panorama sur la campagne environnante et la chaîne des Alpilles.
« Du haut des collines d’Eygalières (…) On domine ce Hadès légumier. (…) C’est le pays de l’ombre paisible, le pas du promeneur découvrait de barrières de cyprès en barrières de cyprès, quatre ou cinq femmes noires accroupies grattant le sol autour des plants de tomates ».
Jean Giono – Provence
La chapelle Sainte-Sixt
Le guide du Routard annonce : « La carte postale provençale par excellence »… C’est tout à fait vrai, c’est un décor exceptionnel.
La chapelle du XIIe siècle est bâtie sur une colline pierreuse dénuée de végétation à l’exception de quelques arbres squelettiques rongés par le soleil et déformés par le mistral. Elle sert très souvent de décor pour le cinéma.
Les Alpilles, les Baux-de-Provence et Estoublon-Mogador…
Un ciel d’un bleu franc, un écrin de verdure, une richesse agricole incroyable, de magnifiques mas, de très beaux domaines, un grand vaisseau de pierre qui veille sur la vallée…
Là où le végétal et le minéral ne font plus qu’un… Là où le vert des oliviers côtoie celui de la vigne et des arbres fruitiers pour former un grand tapis magique.
Les Alpilles
Les Baux-de-Provence
Un site unique, une forteresse qui jaillit de la garrigue, de grandes murailles de pierre qui se dorent au soleil.
Difficile de distinguer le bâti, tout se confond.
C’est un patrimoine sans pareil, certes très touristique et peu fréquentable en saison mais le panorama sur la plaine de la Crau jusqu’à la mer, la montagne Sainte-Victoire et la vallée des Baux vaut vraiment le détour.
« En face de Saint-Rémy, sur le versant sud des Alpilles, les Baux fait tourner des cars de touristes autour d’une sécrétion de la reine Jeanne et d’une auberge à trois étoiles ».
Jean Giono – Provence
Le château d’Estoublon-Mogador
Estoublon vient du provençal « estouble » qui signifie « ce qu’il reste sur la terre quand le blé est coupé », c’est-à-dire la paille de blé. Le blason du château d’Estoublon est une chimère qui tient une gerbe de blé. En 1971, l’ORTF tourne à Estoublon un feuilleton fleuve qui aura un succès considérable : Les gens de Mogador, tiré de la saga d’Elisabeth Barbier.
La famille propriétaire de l’époque décide d’apposer le nom de Mogador à celui d’Estoublon. Le château s’appellera désormais le château d’Estoublon-Mogador.
Arles
« Arles était au début du siècle, malgré Saint Trophime, les arènes, le théâtre antique et les Alycamps, une de ces villes à rues ouvertes sur le vide qu’on voit dans les westerns. Elle en a gardé quelque chose. Certaines de ses nuits sont ébranlées par des mugissements qui peuvent aussi bien venir du Rhône que du Minotaure. C’est la porte de la Camargue. »
Jean Giono – Provence
En premier il faut voir le marché d‘Arles et la diversité de ses forains alignés sur le boulevard…
Et puis, il faut flâner à Arles, se balader dans les ruelles ombragées bordées de beaux immeubles XVIIe, applaudir les taureaux rois dans la clameur des arènes…
» Les boeufs qui font courir Arles laissent totalement froids plusieurs milliers de kilomètres carrés. 98 pour cent des Provençaux n’ont jamais vu de courses de taureaux, ne se déplaceront pas d’un centimètre pour en voir une.(…) On me dira qu’à Arles, Tarascon, les choses sont toutes différentes. Je le crois. Ne suis-je pas en train, précisément de dire qu’Arles, Tarascon, ne sont pas toute la Provence ? Qu’elle a mille visages, mille aspects, mille caractères… »
Jean Giono – Provence
Il faut aussi marquer un arrêt à la Librairie Actes Sud pour quelques achats et faire un tour à la fondation et à l’espace Van Gogh,
Et pour finir cette agréable visite, il faudra aller se poser pour un repas ou pour un verre aux nombreuses terrasses de cafés et restaurants de la place du Forum, toujours noire de monde !
Dans les pas de Vincent Van Gogh à Arles
Vincent Van Gogh s’installe à Arles en février 1888, la ville est pour lui la révélation de la lumière du Midi, il y réalise plus de 200 toiles et dessins.
Il y côtoie Paul Gauguin mais leur relation tourne mal. Vincent « considéré comme dangereux » est admis à l’hôtel-Dieu fin 1888, il y sera soigné après s’être tranché l’oreille avant d’être interné au monastère Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy.
Quelques toiles peintes par Van Gogh à Arles… (source internet et collection personnelle, cartes postales)
« Je t’assure que quelques jours à l’hôpital étaient très intéressants et on apprend peut-être à vivre des malades. J’espère que je n’ai eu qu’une simple tocade d’artiste, et puis beaucoup de fièvre à la suite d’une perte de sang très considérable, une artère ayant été coupée, mais l’appétit m’est revenu immédiatement, la digestion va bien et le sang se refait de jour en jour, et ainsi de jour en jour la sérénité me revient pour la tête. Je te prie donc d’oublier de parti pris délibéré ton triste voyage et ma maladie. Tu vois que je fais ce que tu m’as demandé, que je t’écris ce que je sens et ce que je pense. »
Lettre de Vincent à son frère Théo ( Arles – fin 1888)
La Montagnette, l’Abbaye Saint-Michel-du-Frigolet et Maillane
La Montagnette, c’est une vraie campagne provençale, des haies de cyprès, une culture maraîchère, des villages tranquilles et des collines de calcaire, c’est le pays cher à Frédéric Mistral, ça sent bon le thym et le romarin par ici !!
Au coeur de cette petite montagne couverte de pins d’Alep, on aperçoit les flèches de l’abbatiale de Saint-Michel-du-Frigolet dont Frédéric Mistral fut pensionnaire dans sa jeunesse. C’est un lieu apaisant dans un décor très méditerranéen. On y traverse aussi quelques villages charmants, Boulbon, Graveson et Maillane patrie de Frédéric Mistral.
Maillane et Frédéric Mistral
Tout près d’Arles se trouve le village de Maillane, patrie du poète provençal Frédéric Mistral, né en 1830 et décédé le 25 mars 1914 dans le même village.
Par son travail et ses oeuvres, le poète a réhabilité la langue occitane.
Il y écrit Le Trésor dou Félibrige qui reste à ce jour le dictionnaire le plus riche de la langue occitane. Son oeuvre capitale restera Mirèio, long poème en provençal pour lequel il obtiendra le prix Nobel de littérature en 1904.
Jean Giono qui n’admettait pas d’être classé parmi les écrivains régionalistes disait de Frédéric Mistral :
« Quand on a à sa disposition une langue aussi belle que le français, aussi importante à écrire que le français, on n’écrit pas dans une langue qui n’est plus comprise que par une cinquantaine d’apothicaires. »
Source : www.essaillon-sederon.net – Georges Sicard
Où encore dans ses entretiens avec Jean Amrouche :
« Vous m’avez parlé de musique populaire, vous m’avez parlé de folklore, je vous ai dit : « Il n’y a pas de folklore en Provence » Il n’y a pas de souvenirs anciens. Les souvenirs les plus anciens remontent à deux cents ans, le reste c’est l’affaire des troubadours. Il n’y a pas de souvenirs. Mistral est un escroc de génie, Mistral a tout inventé, Mistral a inventé la langue, Mistral a inventé la littérature, Mistral a tout inventé. Je suis incapable de lire Mistral, moi. On ne parle même pas le patois de Mistral chez moi. Il y a à peine quelques vieux apothicaires, quelques vieux notaires qui lisent Mistral. On lit Mistral à Paris, on ne lit pas Mistral en Provence ! Il a créé cette langue de toutes pièces avec le « Trésor du Félibrige » qui est une espèce de gros dictionnaire, dans lequel il y a des mots, des mots qui sont incompréhensibles pour les paysans et pour moi. »
Et pour finir ce beau voyage, quelques photos pêle-mêle, et quelques bonnes adresses…
- A Eygalières, le café de la place et sa terrasse
- A Maussane, le café de la fontaine, la boutique Jean Martin et le moulin à huile de Jean-Marie Cornille
- Au Paradou, le village des santons « La petite Provence du Paradou »
- Au domaine d’Estoublon-Mogador, l’huile d’olive et les vins, les beautés de la nature .
- Aux Baux-de-Provence, le village des Baux et les carrières de lumière.
- A Arles, les bistrots de la place du Forum, le restaurant l’Escaladou, l’hôtel de la Muette et l’hôtel de l’Amphithéâtre.
- dans chaque village il y a des arènes, ne pas hésiter à assister à une course camarguaise. Très agréable, beaucoup de folklore et des frissons, ne craignez rien, le taureau est ROI !!
- Sur la route : Fontvieille et le moulin d’Alphonse Daudet, les ruines de l’Abbaye de Montmajour, Novès et ses arènes, Boulbon, Graveson et son musée Auguste Chabaud et un peu plus loin Tarascon et Avignon bien sûr.
Le 15 mars 2024
Michèle Reymes
Quel beau reportage pour qui veut connaître la Provence ! Un judicieux dosage de textes et de photos de grande qualité. Je connais les lieux et pourtant j’ai apprécié de les découvrir à travers votre regard. Sincères félicitations ! Amitiés
Nicole
Merci Nicole pour ces compliments, ça me fait toujours plaisir de les recevoir…J’ai pris beaucoup de plaisir à concevoir ces deux articles et à fouiller dans mes souvenirs relativement récents. Mes amitiés également !
Michèle