« En réalité il s’agit d’une grande passion… »
« Une naïveté fort respectable… »
« On est toujours curieux d’un artiste. On a beau être intéressé par ce qu’il fait, et même par-dessus tout, vient un moment où on se demande comment il est. (…) C’est une curiosité naturelle et qui satisfait ce qui semble être une petite passion. En réalité il s’agit d’une grande passion. (…) C’est vouloir à toute force avoir confiance en l’homme. Je trouve cette naïveté fort respectable. »
Jean Giono – Présentation de la revue Parenthèses 1955 (Dans Giono de Pierre Citron)
Au détour de ces nombreuses balades Hautes-Provençales ou ailleurs, j’ai trouvé, souvent par le plus grand des hasards quelques signes qui m’ont transportée immédiatement dans ce « pays bleu » auprès de celui qui a su si bien l’écrire et nous le faire vivre…
Des rues, des chemins, des allées, des avenues, des impasses, des andrones, des résidences, des espaces rendant hommage à l’auteur et me rapprochant un peu plus des oeuvres et des personnages qui les habitent.
Ce sont des lieux qui invariablement font référence à Jean Giono.
Commençons cette promenade… Forcalquier, Pernes-les-Fontaines, Manosque, Chateaurenard, Saint-Julien-en-Beauchêne, Sarlat, Paris, Mérignac et même jusqu’à Bordeaux et Marseille…
Et puis il y a eu en décembre 2020 d’inépuisables souvenirs, si forts, si présents, si émouvants au moment du cinquantenaire de la mort de Jean Giono avec la magnifique exposition du Mucem à Marseille… !!
Comme pour mieux apprécier les lieux…
Le Paraïs
« Un palmier, un kaki, un bassin grand comme un chapeau, cinquante vignes, un pêcher, un abricotier, un laurier, une terrasse ; et là on vit tous ensemble… »
Dictionnaire Giono – Classiques Garnier
Ce sont des lieux qui nous mettent en éveil, c’est Lurs et l’affaire Dominici, c’est Elzéard Bouffier, « L’homme qui plantait des arbres », c’est Beaumugne, ce hameau du pays de Buëch, ce sont les eaux tumultueuses de la Durance à Embrun…
Elzéard Bouffier, « l’homme qui plantait des arbres«
« Il s’appelait Elzéard Bouffier. (…) Il avait jugé que ce pays mourait par manque d’arbres. Il ajouta que n’ayant pas d’occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses. »
Jean Giono – L’Homme qui plantait des arbres
Beaumugne
« Le petit ? Quoi, le petit ? Il est d’Angèle, rien que d’Angèle ; eh bien il sera à moi, je le ferai mien. Il sera de Beaumugnes ; il ne sera pas à plaindre. Ça fait point de trop vilains gars, ce pays-là. » (…)
Jean Giono – Un de Baumugnes
La Durance
« Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde. (…) Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, sa faim d’aventures. Les rivières, les sources sont des personnages : Elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles… »
Jean Giono – Le chant du monde
Lurs
« Et puis ce village de Haute Provence avec ces vestiges de fortifications, ses vastes maisons aux toitures imbriquées les unes dans les autres comme des écailles d’une carapace de tortue. »
Jean Giono – 10 balades littéraires de JL Carribou – collection marcher un livre à la main
Oui, tous ces lieux dont rien que l’énoncé me parle doucement à l’oreille…
Il y a Lure, la montagne sacrée, Les Omergues, ce village niché au pied de l’ubac de Lure dans la vallée du Jabron où Angelo « Le Hussard » a découvert les premiers ravages du choléra. Il y a les grands espaces du Contadour, paradis de la randonnée où, avec un peu d’imagination, nous pouvons rencontrer Jules le héros de Crésus sortant de sa bergerie, tout ici est propice à la rêverie gionienne…
« Celui qui entrera dans ces territoires heureux trouvera la porte ouverte. »
La montagne de Lure
« Quand j’arrivais dans la bousculade des collines, mon coeur fit doucement un petit plongeon. Des vagues de terre et de l’écume d’arbres à perte de vue… »
Jean Giono – Le serpent d’étoiles
Les Omergues
« Le cheval marchait gaiement. Angelo arriva au pas de Redortiers vers les neuf heures. De là, il pouvait plonger ses regards dans la vallée où il allait descendre. De ce côté, la montagne tombait en pentes raides. (…) Il était presque juste au-dessus, à quelque cinq à six cent mètres de haut de ce hameau que le garçon d’écurie avait appelé Les Omergues. Chose curieuse : les toits des maisons étaient couverts d’oiseaux… »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit
Le Contadour
« Le chant du plateau est une voix d’herbe et d’air, monotone et éternelle, un bruit sourd, toqué de main rêveuse sur un tambour de feuilles et qui ne s’arrête jamais de l’aube au soir. (…) L’aire du plateau est un grand tapis magique suspendu dans les étoiles. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
« Les sentiers battus n’offrent guère de ressource ; les autres en sont pleins. »
Jean Giono – La chasse au bonheur
« Il faudra vraiment dessiner un jour la carte des chemins non carrossables à l’usage de vrais curieux. On fait des découvertes à chaque pas. On arrive au sommet d’une colline pour se voir contenu dans un paysage qui ne peut que pousser au bonheur. C’est à proprement parlé le plaisir de vivre. »
Jean Giono – Provence
Et puis… quand au détour de la route, en direction de Barcelonnette apparaît le vieux cimetière déplacé du village immergé d’Ubaye, mon coeur se serre un peu, il s’agit de tristesse, de recueillement et de souvenirs, il s’agit de la volonté d’une poignée d’habitants expropriés respectueux de leurs morts.
Le village immergé d’Ubaye
« Ils vont raser nos maisons. Ils n’en veulent pas au fond de leur lac. Ils disent qu’on les verrait et que ça ferait mauvais effet. Tu sais jusqu’où il va leur lac ? Jusqu’à la porte du cimetière !! »
Jean Giono – L’Eau Vive
Je pense n’avoir rien oublié de ce que je possède… J’ai mélangé les lieux, j’ai mélangé les joies, les peines, la beauté des textes et celle des choses…
Alors je me prends à rêver à ce plaisir que l’on a tous à évoquer de bons souvenirs, à transformer de petites choses en grands moments et en petits bonheurs, un peu pour soi et beaucoup pour le partage… !
« On apprend à donner de l’importance aux petites joies et surtout à les additionner les unes aux autres. »
Jean Giono – Provence
Michèle Reymes
Je connais bien le texte tiré du livre « Provence », et c’est un grand plaisir d’en lire des extraits entourés de toutes ces belles images qui lui donnent encore plus de vie et d’agrément. Vraiment bravo et merci.
Merci encore une fois à vous de me lire ! Je pense que nous aimons les mêmes choses, le texte « Provence » lu et relu, exploré aussi… sans fin !! A bientôt donc…